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Abstract
La chimie est, avec le nucléaire, l'épouvantail du progrès scientifique. Dans notre perception, la chimie est sale, polluante, meurtrière, parfois explosive et, de façon générale, angoissante. Et comme nos sociétés industrielles se sont développées autour du pétrole, les produits chimiques sont très souvent des dérivés pétroliers : de ce fait tout, ou presque, est chimie ! Pourtant notre proche avenir ne sera plus exclusivement pétrolier. Le pétrole, ses effets et ses dérivés sont de plus en plus encadrés, surveillés ou remplacés: nous chassons les émissions de gaz à effet de serre, nous avons mis sous haute surveillance, grâce au programme européen REACH par exemple, la plupart des composés organiques de synthèse, dont certains sont toxiques à long terme pour l'homme et l'environnement. La chimie industrielle est ainsi condamnée à se priver prochainement d'une base essentielle de formulation, le pétrole.
Gageure? Pas forcément, car la chimie sait d'ores et déjà utiliser ces contraintes pour progresser. L'ère de la chimie verte s'est ouverte aux ressources multiples et aux principes simples : moins de matières premières fossiles, moins d'énergie utilisée, moins de sous-produits, moins de déchets, moins de toxicité, plus de matières premières renouvelables, plus de catalyseurs utilisés et plus de recyclage. Mettant en œuvre ce mouvement, de nouveaux produits issus de procédés innovants apparaissent dans notre quotidien ; ils utilisent le dioxyde de carbone ou l'eau supercritique, des membranes d'ultrafiltration et de nanofiltration, des réfrigérants d'un nouveau genre, des piles à combustible, des mousses de décontamination…
Une nouvelle manière d'appréhender la chimie : voici une nouvelle révolution en marche, tournée vers le développement durable.